Marie-Pierre Jadin

Migrants, quelle dignité?

Je voudrais par ce billet évoquer la dignité des migrants. Il a été écrit en deux fois : en novembre 2015 et en mars 2016. Il est un peu long mais c’est un témoignage qui se veut vivant et facile à lire.

A mon travail, la migration est une thématique très présente, et nous avons participé en novembre 2015 à un colloque à Pozzallo, en Sicile, à propos de la situation dramatique des réfugiés, obligés de fuir leur pays par la mer ou à pied, dans des conditions précaires et dangereuses, et qui sont à la merci de passeurs sans scrupules, qui ont un mépris total pour ce que représente la vie humaine…

On a vu à la télévision les images de ces gens tellement heureux d’arriver en terre européenne, après un voyage éprouvant. On en a vu (on en voit encore, tous les jours si on veut) qui suppliaient, à la frontière hongroise, qu’on les laisse passer ; on en a vu qui étaient morts, sur les plages de Sicile, d’Italie ou de Grèce.

On en a vu chez nous, obligés de dormir dans des camps de fortune au Parc Maximilien. On les voit à Calais, Dunkerke et Coxyde, villes de toile, de tôle et de cartons, bidonvilles honteux générés par notre monde « civilisé », dans un des pays les plus riches d’Europe…

L’autre jour, dans le métro, un type portait une pancarte écrite à l’ordinateur dans un anglais sans fautes : Please, I need to have an adress in Belgium. I want to integrate me in the belgian society… Il ne la brandissait pas, mais la tenait contre ses jambes, écriture visible. En attendant de l’exhiber où ? Dans le centre-ville ? Dans une rue passante ?

Dans les médias, ces migrants, on ne les voit qu’en masse : colonnes marchant le long des autoroutes, embarcations bondées, queues interminables devant l’office des étrangers, mer de tentes… Marées humaines qui semblent nous envahir, hémorragie d’êtres humains, et quand s’arrêtera-t-elle, se demande-t-on… Ou de façon impersonnelle : un homme, de dos, et pris en photo de loin, qui tente d’escalader les barbelés érigés pour protéger le port de Calais…

Lors du colloque en Sicile, un journaliste a expliqué que les médias avaient une responsabilité dans la façon dont on parle des migrants : car les journalistes peuvent augmenter la peur, ou au contraire la diminuer. J’étais déjà persuadée de cela, mais cela m’a confortée dans cette opinion : les médias généralistes (grands quotidiens, grandes chaînes de télévision, privées ou publiques) ont tendance à alimenter nos peurs collectives. Pas uniquement par rapport aux étrangers d’ailleurs…

(Pour moi, jusqu’à il y a quelques mois, cette réflexion par rapport aux migrants, aux étrangers en général, n’était pas aisée. J’étais convaincue de l’importance d’accueillir l’autre, de l’accepter avec ses différences, mais cela restait un peu abstrait. Il est facile de prôner la tolérance par rapport à une autre culture ou une autre religion, quand les seules personnes d’origine étrangère que l’on côtoie sont finalement très semblables à nous-mêmes, soit parce qu’elles viennent d’un milieu pareil au nôtre, soit parce qu’elles sont bien éduquées (selon nos critères), soit parce qu’elles se fondent dans la masse, soit parce que leurs différences, assumées et décomplexées, les rendent sympathiques et donnent envie de discuter avec elles…

Il y a dans les grandes villes des endroits difficiles, avec des majorités de personnes d’origines étrangères, qui n’ont pas les mêmes habitudes, qui dérangent notre tranquillité, qui nous interpellent sur la façon dont ils vont pouvoir faire leur vie chez nous. Qui revendiquent parfois des droits avec lesquels on n’est pas d’accord… Dans certaines écoles, dans certains quartiers, des relations tendues, conflictuelles amènent certaines personnes à ne plus pouvoir voir en peinture tous ces « étrangers ».)

Je vais vous avouer un truc : quand j’ai vu l’image du petit Aylan sur cette plage turque, je n’ai pas compris qu’il était mort ! Je pense que quelque chose dans mon inconscient n’a pas voulu voir cet enfant mort, car tout l’été on avait été tellement soulés avec des images choc que c’était la photo de trop. Une photo somme toute aussi impersonnelle que toutes les autres, qui ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà…

Mais ce type dans le métro, avec sa pancarte, il était seul, je l’ai regardé, il m’a regardée, et cet échange de regards est plus marquant que toutes les images que l’on peut voir à la télévision.

Vous me direz, on voit aussi beaucoup de personnes en détresse dans les rues, dans les métros, des sdf, des mendiants, des roms, des femmes avec des bébés, et cela semble nous endurcir… On ne fait plus tellement attention. C’est vrai. Alors, est-ce à cause de tout ce que j’ai lu et potassé sur les migrations que la vue de ce type m’a impressionnée ? Parce que pour moi il serait sans doute le symbole de ce que veulent tous ces gens qui arrivent chez nous : s’intégrer dans notre société, trouver du travail, vivre en paix, habiter un endroit tranquille, être accepté…

En aucun cas foutre le souk…

ET vivre une vie digne.

Nous y voilà. On ne le sait que trop bien : de par le monde, il y a de multiples endroits où il n’est pas possible de mener une vie dans la dignité que l’on est en droit d’attendre en tant qu’être vivant. Il y a les guerres qui font vivre l’enfer sur terre ; il y a les famines ; il y a les dictatures… il y a les nombreuses brimades et discriminations dont sont victimes certaines catégories de populations : les femmes, les intouchables, les enfants, les travailleurs exploités, les analphabètes, etc.

Toujours lors du colloque en Sicile, il a été dit à plusieurs reprises qu’il était beaucoup trop simpliste de catégoriser les réfugiés en « politiques » ou « économiques »… Bien sûr fuir un pays en guerre semble une évidence ; mais vouloir changer d’endroit parce que la sécheresse a ravagé vos cultures, est-ce une moins bonne raison ? Et fuir un endroit où vos enfants, parce qu’elles sont des filles, ne pourront pas aller à l’école, est-ce une mauvaise raison ?

En juillet dernier, j’ai rencontré une famille pakistanaise. Ils habitent dans ma rue.

Le papa est un homme bien organisé et qui semble savoir ce qu’il veut : il a voyagé dans plusieurs pays avant de décider de s’installer en Belgique. Il a trouvé du travail, a appris nos deux langues, et ensuite il a fait venir sa famille : sa femme et ses deux filles. Cela représente des années de séparation et d’incertitude, avant de pouvoir venir s’établir ici, avec un titre de séjour provisoire, qui leur donne droit à une bonne couverture sociale ainsi qu’à l’instruction, « gratuite »…

***

 

A. et H. avaient 10 et 11 ans quand elles sont arrivées du Pakistan en avril 2015, avec leur maman.

Leur papa cherchait quelqu’un pour leur donner des leçons de français langue étrangère, afin qu’elles puissent se débrouiller à l’école à la rentrée scolaire.

Quand j’ai appris cela, je suis allée le trouver et je lui ai dit que je pouvais leur donner des leçons.
Le lendemain, je suis allée frapper à leur porte. J’avais apporté des post-it colorés et un petit cahier pour chaque enfant. Les post-it, c’était pour noter les noms de toutes sortes d’objets courants de la maison, et ensuite les coller sur ces objets : le frigo, le fauteuil, le chauffage, etc.

Aller frapper chez ces gens que je ne connaissais pas du tout m’a demandé un effort : je me demandais sur qui j’allais tomber, et dans quoi je m’embarquais…

Mais c’est comme ça que mes leçons de FLE ont commencé… Presque chaque jour des vacances, elles sont venues à la maison, ou je suis allée chez elles.

A la rentrée des classes, il était évident qu’il fallait continuer les leçons.

J’ai aidé le papa à compléter les papiers demandés par l’école ; comme il ne pouvait pas se rendre à la réunion de parents de la rentrée, j’y suis allée à sa place, et je lui en ai fait un compte rendu. J’ai inscrit ses deux filles à l’école des devoirs du quartier ; elles y vont 4 fois par semaine, encore aujourd’hui. Quand elles n’ont pas le temps de tout faire, elles viennent à la maison et j’essaye de les aides. On est aussi allés, avec les filles et avec mes enfants, chez Trafic, pour acheter le matériel scolaire manquant. Ils n’ont pas de voiture, et puis, comment savoir ce qu’est une équerre, un compas, un rapporteur, ou même des pantoufles de gymnastique, lorsqu’on ne maîtrise pas bien le français ?

La maman s’est retrouvée enceinte et le papa ne pouvait pas se libérer de son travail pour l’accompagner aux visites médicales. C’est donc moi qui y allais avec elle.

A l’école, à l’école des devoirs, au centre médical, on m’a dit à chaque fois : « c’est bien ce que vous faites ! » Je n’ai pas l’impression de faire « quelque chose de bien ». J’ai horreur que l’on me dise cela en ayant comme arrière-pensée : vous aidez des gens dans la difficulté… J’ai juste l’impression de m’être fait de nouveaux amis, et un ami, on lui rend service sans se poser de questions…

Je vais aussi à la rencontre d’une autre culture, très différente de la nôtre : je reçois régulièrement des plats de riz très épicés, des beignets de pommes de terre, ou des crêpes qui n’ont rien à envier à nos crêpes traditionnelles. Et impossible d’aller chez eux sans boire un ‘tchaï’, thé pakistanais, au lait, sucré et bien chaud…

Quand je vais chez eux, c’est un peu comme si je changeais de pays.

Avec S., la maman, c’est compliqué de communiquer, car elle ne parle pas l’anglais… A la mutuelle, à l’école ou chez le médecin, son visage est fermé, tendu, elle ne dit ni bonjour ni au revoir, elle ne sourit pas… Mais quand je vais frapper à sa porte, elle m’accueille avec un grand sourire, un grand bonjour et je me rends compte alors qu’un contact sincère passe entre elle et moi. Cela me touche au plus profond de moi. C’est un sourire de connivence. Je dois être la seule dans toute la ville à qui elle sourit de cette façon.

Je ne sais pas grand-chose d’eux, au fond. Parfois j’ai envie d’en apprendre un peu plus : pourquoi ils sont partis, pourquoi avoir choisi la Belgique ? Leur vie ici n’est pas terrible (petit salaire, pour le papa, et gros loyer!), et quel déracinement ! Mais je suppose que tout est préférable à une vie sans avenir pour les enfants, dans un pays instable… J’ai lu le livre de Malala, et je comprends mieux leur envie de vivre ailleurs qu’au Pakistan. Comme elle ils sont Pachtounes, et discriminés dans leur propre pays.

Au début, des amis pensaient que j’allais donner UNE leçon ! Je leur ai ri au nez : « comment voulez-vous les aider avec une leçon ? » ; une autre amie m’avait dit que je devais me faire payer pour les cours… et mon fils était un peu jaloux de ces deux filles qui lui prenaient, durant quelques heures par semaine, son territoire et sa maman…

Je me fiche de ce genre de commentaires. Je sais par expérience que ce n’est pas facile de demander service, et que ce n’est pas facile non plus de rendre service. Pour celui qui demande, il faut une fameuse dose d’humilité, et je suis contente qu’ils aient osé me demander autre chose que simplement les leçons de français ou l’aide aux devoirs. Pour celui qui aide, il faut pouvoir donner certaines conditions, parfois dire non… Sans le vouloir, on fait des gaffes aussi ! Il y a un équilibre à trouver.

Le papa m’a dit que j’étais la maman belge de ses filles. Et les filles m’adorent, parce qu’à la maison, on travaille, mais on joue aussi : au babyfoot, avec mon Ipod, on fait de la peinture, du bricolage, on cuisine… Ça aussi, ça fait chaud au cœur. Récemment, A., l’aînée, qui est maintenant en 1ère secondaire, devait faire une présentation avec un powerpoint. Elle devait présenter un de ses héros. La plus jeune a dit, en urdu, quelque chose que je n’ai pas compris, mais dans sa phrase il y avait le mot « madame ». Madame, c’est moi. Elle a répété en français que si c’était elle qui devait faire la présentation elle me choisirait comme son héros. J’en avais les larmes aux yeux!

Le fait qu’il n’y a pas d’argent en jeu me met beaucoup plus à l’aise aussi. C’est tellement précieux de pouvoir offrir quelque chose sans rien attendre en retour. Cela n’a pas de prix…

Il y aurait encore tant de choses à raconter. Au fond je les admire, ces gens : ils se débrouillent, comme ils peuvent, mais ils se débrouillent, avec nos tracasseries administratives, nos multiples circulaires (distribuées par l’école, notamment), nos coutumes, notre culture, notre climat. Ils ont besoin d’aide et se sentent dépendants, mais ils ont en eux beaucoup de ressources ; je ne sais pas si, à leur place, je m’en sortirais aussi bien…

J’ai parfois mal au cœur aussi, quand une des petites me parle de « sa maison au Pakistan ». Y retournera-t-elle un jour ?

Leur parcours de migrants se passe dans de bonnes conditions, si on le compare à celui de ces gens qui arrivent de Syrie ou d’Irak et qui n’ont même pas d’endroit où loger… Mais comment ne pas se sentir déraciné ?

***

Tout cela suscite chez moi beaucoup de questionnements : j’en aborde deux ici.

1. les difficultés de l’accueil :

J’ai dit toute la joie que me procure le contact avec cette famille pakistanaise. Mais il y a aussi, parfois, des moments plus difficiles pour moi : je suis quelqu’un de très occupée. C’est en partie de ma faute, mais pas uniquement. Je vous passe les détails de mes multiples occupations, entre une famille de 5 enfants, une maison à entretenir, un boulot, des hobbies nécessaires à mon équilibre personnel… Il ne me reste pas beaucoup de temps pour m’occuper d’elles. Et j’en ressens une certaine culpabilité.

On lit régulièrement dans la presse et sur les réseaux sociaux, qu’il faut accueillir les réfugiés qui arrivent chez nous. Beaucoup de belles idées, très généreuses, circulent, mais tout cela doit être mis en place de façon optimale. Sinon, on risque de faire encore pire. Décider d’aider quelqu’un et le laisser tomber ensuite, quelque soit la raison, c’est le faire retomber de plus haut que si on ne l’avait pas aidé.

L’école où sont inscrites les enfants a pour vocation d’accueillir l’autre quel qu’il soit, avec toutes ses différences. Ce sont de beaux mots, mais moi dans la pratique, je constate que ce n’est pas le cas. Leurs instituteurs ne prennent pas plus de temps pour elles que pour d’autres enfants. Ils pourraient mettre en place des systèmes d’entraide entre enfants (pour les devoirs par exemple), mais ils ne le font pas. Ils pourraient communiquer davantage, avec moi, avec les parents, ou même avec les filles qui maintenant se débrouillent bien en français… Pour moi, ce n’est pas ça accueillir.

Idem pour tout ce qui est administratif : rien n’est mis en place pour aider les personnes à comprendre nos systèmes compliqués. Le papa est débrouillard, il se démène pour sa famille. Comme je me démène pour la mienne, mais pour moi c’est facile : la Belgique est mon pays, je parle le français, je sais me défendre quand c’est nécessaire et ma carte d’identité sera d’office renouvelée tous les dix ans. Je n’ai pas de difficultés pour payer mes factures. Pour lui, tout est plus compliqué. Il y arrive tout de même, mais il doit sans cesse demander des explications ou de l’aide. Ce n’est pas ça du vrai accueil. Et je suis persuadée que ce ne serait pas si compliqué de mettre des choses en place, qui feraient appel à la bonne volonté des citoyens…

2. Au-delà de l’aide de départ, et des petits coups de main occasionnels, j’essaie de ne pas rester avec mes standards, mes critères d’Européenne sûre de sa valeur et de sa supériorité. Et c’est difficile.

Deux réflexions m’ont aidée à recentrer cette position de « dominant » : j’ai appris qu’en Angleterre, les Pakistanais étaient considérés comme le haut du panier parmi les réfugiés. Je n’en connais pas la raison, mais je me rends compte que cette famille que j’aide a beaucoup d’atouts : intelligence, sens de l’organisation, débrouillardise, connaissance de plusieurs langues et de plusieurs cultures (au sein de leur propre pays, ils sont pachtounes, ce qui les différencie déjà des autres Pakistanais), fierté de garder leurs traditions ; pour la maman, qui est peu scolarisée, tandis que j’admirais un travail qu’elle avait réalisé au crochet pour son futur bébé, son mari m’a dit « Elle sait faire beaucoup de choses », avec à la fois de la fierté et une sorte de résignation, parce que ce genre de travail est peu valorisé ; les filles sont sociables et se sont rapidement fait des copines à l’école.

La deuxième réflexion vient de ma fille Camille qui a dit un jour : « nous on n’a aucun mérite. On est blancs et on vit dans un pays riche. Il y a tellement d’autres endroits où les gens doivent se battre pour faire valoir leurs droits, nous on reçoit tout… On n’a pas de mérite. »

C’est vrai, on n’a pas de mérite : on se pose en donneur de leçons, on se croit supérieurs, mais au nom de quels principes ? Les droits de l’Homme ? L’économie triomphaliste ? Notre religion ? L’organisation de nos sociétés ?

Mais tout se détricote chez nous. Un témoin de Pozzallo disait : je pense que nous, on va à reculons ; eux (il parlait des migrants), ils avancent !

Les femmes ont moins de droits chez eux ? C’est pour cela qu’ils sont arrivés ici ! Je pense qu’au départ le papa était prêt à tout pour que ses filles aient, comme les garçons, le droit de s’instruire (ce qui n’est pas le cas dans certaines régions du Pakistan).

Leur religion est intégriste ? J’ai de l’admiration pour la façon dont ils font confiance : ils confient leur destin à ce Dieu dans lequel ils croient profondément, mais en même temps ils sont tout sauf fatalistes ; ils prennent leur vie en main. Ils disent ‘avec l’aide de Dieu’, mais le dicton bien connu chez nous, « Aide-toi, le ciel t’aidera » est une réalité pour eux !

Le papa m’a dit plusieurs fois, au moment de la naissance de sa fille, qui est décédée peu de temps après, « Pray for us ». Cela m’a touchée parce que bien sûr je ne suis pas musulmane et il le sait. Je prends cela comme une marque de confiance profonde, de sa part.

Et un pilier de l’Islam, l’accueil, n’est pas un vain mot pour eux. Je le sais à la façon dont ils me reçoivent, même si j’arrive chez eux à un mauvais moment.

Le port du voile qui divise tellement les gens : chez eux, c’est culturel autant que religieux. Les deux petites portent le voile, chez elles, en même temps qu’une tunique qui descend jusqu’à mi-cuisse, assortie à un pantalon qui tient par un élastique. Elles sont arrivées ici avec leurs habits pakistanais ; elles portent des jeans et des baskets pour aller à l’école, et dès qu’elles rentrent à la maison elles se changent et portent leurs habits de là-bas. C’est une façon de se sentir chez soi, bien dans ses fringues comme on dit. En plus ce sont des vêtements en tissus colorés, joyeux… Je comprends qu’elles soient fières de les porter.

Au risque de me répéter, on n’a pas les mêmes standards. C’est important de le savoir. Bien sûr, si nous nous trouvons bien en Belgique, en Europe, en Occident, alors que des millions de personnes se voient obligées de quitter leur pays d’origine, c’est qu’il y a quand même des choses qui ne vont pas chez eux. Mais à nouveau la réflexion est beaucoup plus vaste que simplement dire que chez nous c’est mieux. Car nous le savons, nous avons une responsabilité énorme dans les injustices qui perdurent partout dans le monde (y compris chez nous).

***

Voilà, ce texte parle d’une rencontre et d’une amitié. J’espère ne jamais oublier que même quand beaucoup de choses séparent les gens (la langue, la religion, les coutumes), cette rencontre est toujours possible. Je pense que la condition principale est d’accepter l’autre comme il est et de rester soi-même comme on est… De toute façon on ne sort pas indemne de ce genre de rencontre, et d’un côté comme de l’autre, il y a un déplacement qui se fait.

C’est une grande chance que de rencontrer ce genre de personnes, car cela ne peut apporter que de l’enrichissement mutuel…

1 Comment

  1. Françoise Leblanc

    Super touchant et sincère Marie-Pierre !! Je t’admire de faire tout ça et avec tant de coeur ! J’ai souvent plein de bonnes intentions mais je m’arrête tjs à l’idée de bouleverser mon emploi du temps que je trouve déjà fort serré… Alors que tu en as probablement un plus serré que moi qui n’ai plus d’enfant à charge. Difficile de quitter le monde des idées pour celui de l’action… En effet c’est le mode de pensées qu’il faudrait faire évoluer. C’est en tous cas un magnifique témoignage qui pourrait faire avancer les réflexions ! Merci !

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