Marie-Pierre Jadin

Prologue de mon voyage en Inde

Plus tard…

Plus tard, je saurais que le premier choc passé, celui de la chaleur, des odeurs mélangées, de la poussière et de la saleté, du bruit et de la foule, il est impossible de ne pas tomber amoureux de ce pays… Pour quelles raisons, je ne peux le dire.

Plus tard je comprendrais ce qui pousse les gens à quitter un pays qu’ils aiment, mais où la vie est si rude, trop rude pour la plupart.

Plus tard aussi je comprendrais que nous restons habités par nos voyages, et hantés par ces villes surchauffées ou glaciales que nous avons arpentées. Subjugués par la différence, bousculés dans nos certitudes…

Pourquoi nos voyages nous changent-ils?

Tout ce que j’ai vu, entendu, senti, goûté, touché… tout cela est passé de mes yeux, mes oreilles, mon nez, ma langue (et mon estomac!) et ma peau, jusqu’à mon cerveau.

Un mois après mon retour, cela se distille lentement dans mon cœur…

Ma rétine est imprégnée d’images magnifiques et violentes

Mes oreilles sont encore surprises du vacarme incessant des klaxons

Mes poumons ont vieilli de 5 ans en deux semaines, dans ces villes qui sont parmi les plus polluées au monde

Ma langue garde la nostalgie de saveurs épicées, parfois beaucoup trop, mais d’un raffinement extrême

Ma peau se souvient de la chaleur, de l’air brûlant, des bousculades dans les trains ou les files d’attente.

Mon coeur

A gardé l’image de ce petit garçon qui se lavait consciencieusement dans une bassine d’eau devant sa masure; et celles de ces deux enfants venus d’un bidonville d’Agra, qui ont sauté de joie quand nous leur avons donné à chacun un bic!

Il a gardé l’appel du muezzin et le son du buggle tibétain; il a gardé la mélopée ‘aum mani padme aum’ répétée en boucle lors d’une cérémonie à Darjeeling.

Il retient la dignité de ces hommes et de ces femmes propres et parfumés.

Il endure la peine des porteurs tibétains, tout pareils à ceux qui sont dessinés dans Tintin.

Il geint à l’unisson de ce bébé obligé de voyager de nuit dans un bus surchauffé et bondé.

Il craint pour la vie de cette famille de 5 personnes qui se déplacent ensemble sur une moto.

Il endure les brûlures du tarmac sur l’aéroport de Delhi, en même temps que ceux qui y travaillent à toute heure.

Et tant d’autres choses encore…

Puisse le récit de ces quelques journées hors du commun vous donner une vague idée de tout ce que mes 5 sens et mon cœur ont retenu de ce voyage…

 

2 Comments

  1. Claire Libouton

    Grâce à ta description à la fois sensuelle et réaliste de l’Inde,j’aurais envie de visiter ce pays plein de contrastes

  2. Claire Libouton

    Grâce à ta des ription à la fois sensuelle et réaliste de l’Inde,j’aurais envie de visiter ce pays plein de contrastes,à la fois splendeur et misère.Tu nous transportes dans des rues animées et nos sens sont sollicités par les bruits ,les parfums,les odeurs d’une foule bigarrée.A te lire,je comprends que l’on puisse « tomber en amour »pour ce pays et surtout qu’on en revient transformé. (…) Merci d’avance

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